Voici l'histoire incroyable d'une arnaque bien réelle qui s'est déroulée à la Cité Académique.
Mais tous les conflits n'impliquent pas nécessairement des meurtres.
Prologue
Les filles résolvent leur travail
comme un puzzle
« Et ce crétin a jeté les foutus gants en caoutchouc qu’il avait utilisés pour le meurtre. Au final, il pige rien. Il peut pas utiliser ne serait-ce qu’un minimum de matière grise pour imaginer ce qui va se passer ? Tes empreintes sont partout à l’intérieur de ces gants ! Ces gants sont fins, alors tu pourrais au moins les tremper dans l’alcool et les brûler !! »
« C’est quel film que tu es en train de super démonter là ? »
« Kinuhata, ça s’est vraiment passé. »
Nous étions le 3 août, 10h30 du matin, dans la Cité Académique, située à l’ouest de Tokyo et abritant 2,3 millions d’habitants.
Un fort bruit de pulvérisation résonna dans la ville pleine de gratte-ciels.
« Ah ha ha ha !! Tu ferais mieux d’accélérer ! Le grand méchant loup vient pour toi !!! »
Mugino Shizuri éclata de rire tandis que plusieurs faisceaux de lumière jaillissaient.
Un hélicoptère explosa, projetant des débris et souillant le ciel d’été de flammes. Il y eut aussi des cris, mais dans ce cas, mourir dans l’explosion était une délivrance. Après tout, même les éoliennes à trois pales se trouvaient bien en dessous. Quiconque encore vivant était condamné à endurer la chute entière jusqu’au sol.
Sous le soleil estival éclatant et le ciel bleu, Takitsubo Rikou parla doucement tout en volant dans le même espace aérien, à 50 mètres au-dessus du sol.
« Mugino est en train de s’exciter avec son addiction au combat. Quelqu’un devrait probablement intervenir et l’arrêter. »
« Pas moi. » « Pas moi. »
Frenda Seivelun et Kinuhata Saiai répondirent exactement au même instant.
« Mugino est de bonne humeur, étant donné que notre plan de nous faire passer pour des trafiquants d’armes a foiré et que notre cible s’est enfuie. »
« En fin de compte, quand elle se plante, elle travaille encore plus dur pour recommencer. Ce qui, dans le cas de notre cheffe, est une chose très dangereuse. »
Takitsubo tourna la tête pour vérifier les bretelles de l’objet sphérique qu’elle portait dans le dos. En gros, c’était un jetpack artisanal qui utilisait comme portance un gigantesque ballon publicitaire en matériau pare-balles, et comme propulsion plusieurs moteurs axiaux de la taille de boîtes de café.
Quand on déclenchait les quatre étroites gerbes de feu, la silhouette donnait l’impression qu’elle portait en sac à dos le premier satellite rond du monde. Même si l’orientation était inversée par rapport à un vrai satellite.
Gonflé, il avait à peu près un mètre de diamètre ; dégonflé et plié, il se rangeait dans un cartable. Et malgré sa taille, il pouvait atteindre 500 km/h, si bien qu’un hélicoptère civil n’avait aucune chance de s’échapper.
« Au fait, Frenda, je savais pas que tu fabriquais ce genre de trucs. Je croyais que tu ne faisais que des bombes, » dit Takitsubo.
« Les dispositifs balistiques, c’est chiant, mais pour les moteurs à combustion destinés à la croisière, c’est pas si compliqué. Au fond, si tu canalises les flammes et les gaz produits par des explosifs, tu obtiens un moteur. Bon, il n’y a pas si longtemps je n’avais qu’un feu d’artifice d’exécution qui servait à coller une victime dans le dos et l’envoyer dans la stratosphère. Les kits de puces informatiques qu’ils vendent maintenant dans les grandes librairies peuvent être dangereux entre de mauvaises mains. C’est un peu plus cher que de chercher des pièces dans des casses, mais c’est un trésor de composants de pointe réutilisables ! Tu peux sûrement te bricoler une tablette contrôlée en WLAN avec ça. Grâce à ça, j’ai pu utiliser un petit programme IA pour tous les calculs chiants d’ajustement des jets. »
« C’est marrant. »
« Elle a posé la question puis elle n’a pas écouté un mot de ma réponse, hein ? Eh bien, tant qu’elle aime. »
« C’est tellement étrange de se sentir libérée du poids de son propre corps. »
« …C’était pas un petit pic injustifié sur nos tailles de poitrine, quand même ? »
Piloter leurs jetpacks était bien plus tranquille que piloter un avion, mais un combat à mort se déroulait toujours.
La cible était en fuite. Elles poursuivaient trois petits hélicoptères ovoïdes qui semblaient symboliser la renommée et la fortune. L’un d’eux se désintégrait en vol après avoir été touché par un faisceau lumineux terrifiant. Il en restait deux, mais même remplis, ça faisait moins de dix ennemis au total.
La scène était si spectaculaire qu’on en oubliait facilement qu’elle résultait uniquement d’une distorsion de la « perception » au sens de la physique quantique.
Takitsubo cligna deux fois des yeux, resta impassible et se concentra sur sa petite oreillette.
« Mugino, les civils verront ça si on sort de la Particle Belt. Fini avant que ça n’arrive. »
« Ha ha ha, ha ha ha ha ha, ha ha ha ha ha ha, ha ha ! C’est moi ! Le grand ! Méchant ! Loup !! …La Particle quoi ? »
« En fait, toutes les vitres des immeubles réfléchissent le soleil comme des miroirs et ça se combine aux légères particules de fumée issues des usines automatiques pour créer un effet de réflexion irrégulier. En gros, si on reste dans cette ceinture de lumière déformée, nos identités seront brouillées même si quelqu’un au sol nous filme avec son téléphone. »
C’était une caractéristique de l’été dans la Cité Académique, découverte en enquêtant sur des plaintes disant que les grands dirigeables publicitaires semblaient étrangement déformés lors des journées particulièrement chaudes.
Et l’ennemi n’allait pas laisser ces filles les battre sans réagir. La porte latérale d’un hélico s’ouvrit et une mitrailleuse lourde de 12,7 mm sortit. Une pluie de projectiles terrifiante déferla, mais Mugino prit appui contre un mur pour accélérer brusquement. Les balles brisèrent plusieurs vitrages feuilletés, mais elle avait quitté le mur avant qu’elles ne la rattrapent et s’efforçait de perturber la visée adverse.
« Waouh, c’est super affreux. Ils transforment un immeuble civil en passoire ! »
« Kinuhata. Cet immeuble est le siège d’une chaîne d’izakaya de fruits de mer qui a causé la mort de quelqu’un en étiquetant mal ses ingrédients et qui s’en est sortie sans poursuites. Le Dark Side ne nous retirera pas de points pour ça — au contraire, on pourrait même avoir un bonus. »
Cela dit, leur reine-démon ne se préoccupait sans doute pas de ça tant qu’elle avait droit à un combat amusant et à quelques meurtres réjouissants.
Au fait, c’était quoi notre objectif, déjà ?
La bataille était tellement à sens unique que Kinuhata Saiai se surprit à regarder au loin comme si elle n’était pas en plein combat.
« L’ennemi s’appelle Mutual Acquaintance, non ? »
« En fin de compte, oui. Mutual Acquaintance est un service de nettoyage pour l’industrie du spectacle. Que tu sois un journaliste célèbre qui a poussé sa maîtresse du balcon de son appartement après une soirée trop arrosée, ou une belle actrice qui a tué par accident le président d’une boîte avec un cendrier en verre en essayant juste de l’empêcher de te harceler sexuellement, tu appelles ces gars-là pour foutre la merde sous le tapis avant que la presse en ligne et les tabloïds s’en mêlent et te ruinent la carrière. Il me semble qu’ils opèrent depuis une agence de cascadeurs, ce qui leur donne un accès aux chaînes TV. Ils ont commencé par faire avouer un sosie à la place de leur client, mais à mesure que leurs compétences se sont améliorées, ils ont évolué et pris toutes sortes de boulots qu’ils pouvaient boucler sans que personne ne se fasse arrêter. »
Bien sûr, « en toute sécurité » ici ne voulait que dire dans le sens égoïste des criminels.
Combien d’innocents avaient vu leur vie détruite pour préserver le sourire d’artistes au passé honteux ? Après tout, on n’amasse pas assez pour s’offrir plusieurs hélicoptères personnels sans accepter des tas de boulots hautement immoraux. Et puisque ITEM avait été appelé, faire disparaître des témoins gênants ou les voir périr dans des « accidents » improbables n’était que le début de leur boulot. Ils se spécialisaient dans l’art d’enivrer une victime aux petites heures, puis de la pousser tête la première contre un transformateur à nu.
« Mon Dieu, je me demandais comment ils faisaient quand les idoles et acteurs sont super bien gardés, même le Dark Side a du mal à s’approcher. Mais une agence artistique ? Ouais, t’as aucune défense quand une partie de ton propre milieu est super corrompue. »
« Kinuhata, tu veux un autographe parce que t’es cinéphile ? »
Kinuhata n’était pas sûre d’avoir dit quelque chose qui puisse donner cette idée à Takitsubo, mais elle détestait la façon dont la fille voyait parfois le vrai motif de sa plainte.
Quelque chose masqua le soleil au-dessus d’elles.
C’était Mugino Shizuri. Après s’être posée derrière elles, la voix grésillante de leur cheffe leur parvint dans les oreillettes.
« Hé, je ne vais pas faire tout le boulot pendant qu’on se partage le salaire. Alors bougez vos fesses et bossez un peu avant que je ne vous lazerifient. »
« C’est toi qui es venue super en roue libre.
« En fin de compte, notre reine-démon se sent juste seule. »
« Mugino est trop gentille de veiller à ce qu’on ait toutes notre moment de gloire. »
Comme leurs ennemis étaient en l’air, les hélicos en fuite n’avaient d’autre choix que de slalomer dangereusement entre les immeubles. Leur rotor principal gênerait la mitrailleuse lourde de la porte latérale, ils ne pouvaient donc pas tirer avec un angle trop prononcé. Et une fois leurs mouvements restreints, c’était comme si c’était fini pour eux.
« Bon, on commence super maintenant ? »
« J’aimerais que tu termines avant que Mugino la solitaire ne décide d’abattre la lune. »
Sur cet encouragement de Takitsubo Rikou — qui s’occupait du soutien au ciblage puisqu’elle pouvait lire les champs de diffusion AIM des gens, mais n’avait pas grand-chose à faire face à de simples adultes non-esper — Kinuhata et Frenda piquèrent à angle vif pour poursuivre les hélicoptères. Frenda était armée de bombes et de roquettes, mais Kinuhata ne comptait que sur son propre corps. Elle ne se protégea même pas le visage lorsqu’elle fonça contre la paroi d’un des hélicoptères qui fuyait à toute allure.
Et elle traversa net le mur d’aluminium.
Elle respirait désormais le même air que les soldats en smoking, occupés à changer le canon surchauffé de la mitrailleuse. Leurs regards se croisèrent une fraction de seconde. Elle y lut leur désespoir, celui de gens qui faisaient tout pour s’accrocher à la vie.
Puis l’hélicoptère explosa.
Son pouvoir était Offense Armor de Niveau 4, qui lui permettait de se recouvrir d’une épaisse barrière de gaz : une grenade qui explosait ou une voiture qui détonait n’étaient pas suffisantes pour la tuer.
Cependant…
« Oups. »
« Idiote ! T’as protégé ton corps, mais en fin de compte, ton jetpack était entièrement à découvert !! »
Un trou avait dû être percé dans le ballon géant, car Kinuhata entama une chute instable. Frenda claqua de la langue, abandonna la poursuite du dernier hélicoptère ennemi, et plongea rapidement pour récupérer sa camarade.
Kinuhata devait penser que son Offense Armor la protégerait de l’impact de la chute, car elle n’avait pas l’air inquiète.
« Je commence à me dire que ces gadgets faits maison sont super dangereux. »
« En fin de compte, j’appelle ça une erreur d’utilisation !! Si tu suis les instructions, ça marche très bien !! »
Frenda réussit à rattraper Kinuhata et elles atterrirent en douceur dans le District 19.
Frenda, tenant Kinuhata dans ses bras, s’effondra sur le bitume brûlant comme une poêle, et resta un moment à fixer le vide. Ses yeux suivirent lentement la rotation d’une éolienne qui semblait la regarder de haut.
Elles étaient dans un vieux district « laissé volontairement dans le passé », parfait décor pour de la vapeur et des tubes à vide. Le duo Mugino–Takitsubo avait dû agir, car le dernier hélicoptère s’écrasa non loin, traînant derrière lui un épais panache de fumée noire.
Toutes deux entendirent alors une voix grésillante dans leurs oreillettes.
« Mugino a échoué à tuer la cible. »
« Ugh. »
« Elle était tellement énervée par les soldats qui couraient partout qu’elle en a renversé un, elle s’est assise dessus, l’a immobilisé avec ses deux mains et a tiré son canon depuis sa bouche. Malheureusement, ça a laissé à notre vraie cible le temps de s’échapper. »
Frenda et Kinuhata furent bien contentes de ne pas avoir assisté à ça, mais n’osèrent pas le dire.
« Mugino est pas contente et vous tient pour responsables d’avoir planté la manœuvre et de ne pas avoir bouclé le périmètre. Elle dit qu’il faudra vous punir si vous laissez filer la cible, considérez-vous prévenues. »
« Ehhh !? En fin de compte, ça veut dire qu’elle va nous attacher les ***** avec des ****, nous tartiner les **** de patates râpées, nous traîner sur le balcon de haut niveau où on ne peut pas s’échapper, et nous **** toute la journée comme ça ! Ça gratte plus que ça fait mal, mais c’est l’enfer sur Terre !! »
« Ouf, les filles sont super impitoyables entre elles, hein ? »
Frenda et Kinuhata se relevèrent en vitesse et retournèrent au travail.
Au sol, leurs jetpacks n’étaient qu’un poids mort. Elles les replièrent au maximum et les glissèrent dans leurs poches.
Kinuhata s’essuya la sueur qui commençait seulement à perler sur son front.
« Ouf, la chaleur est vraiment insupportable au sol. C’est ça ce qu’on appelle une super île de chaleur ? »
« C’est presque midi en août. Ce ne sera jamais aussi frais que quand on volait dans le ciel avec la brise. »
Frenda sourit, mais seulement parce qu’elle portait une robe d’été blanche sous un poncho fin. La sueur qui imbibait le tissu laissait entrevoir une bonne partie de sa peau claire.
Après avoir partagé une bombe anti-transpiration en spray dont elles n’étaient pas sûres qu’elle serve à grand-chose à ce stade, elles jetèrent un œil autour d’elles et se retrouvèrent dans un quartier d’électronique d’où montait une fumée sombre. La Cité Académique comptait plusieurs secteurs dits « quartiers électroniques » ; celui-ci n’était pas le plus high-tech. Des containers métalliques étaient empilés entre des immeubles délabrés à locataires multiples et avaient tous été transformés en petites boutiques obscures vendant condensateurs, résistances, transistors et autres composants électroniques d’origine douteuse, empaquetés dans des paniers et des boîtes.
« Waouh. »
Pour une raison quelconque, les yeux de Kinuhata Saiai s’illuminèrent devant ce labyrinthe de ferraille. Son regard se fixa sur un certain composant en verre disponible en plusieurs tailles : les tubes à vide.
« Quoi ? » dit Frenda, sceptique. « En fin de compte, tu es du genre à foutre les mains dans l’électronique avec un fer à souder ? »
« Si jamais j’ai besoin de ça, je te demanderai super de m’apprendre, Miss Bomber. Mais comme on vient d’avoir une nouvelle planque, je me demandais quoi faire pour l’audio de notre home cinéma. Si je veux vraiment le faire bien, un ampli à tubes, c’est ce qu’il faut, non ? »
Frenda sentit instinctivement que Kinuhata ne fermerait jamais sa bouche si elle posait la moindre question ici. Déjà, personne n’avait mentionné de construire un home cinéma, et pourtant cette passionnée de cinéma était déjà en train d’en rêver.
« C’est super vrai, alors, que ce coin n’a pas un seul konbini ou restaurant ? »
« Oui. C’est un vieux quartier électronique, donc au final, le mieux que tu trouveras, ce sont quelques distributeurs au fond d’une ruelle. Et ils ne vendront que des trucs bizarres comme du oden en conserve. Mais tant qu’il y a du maquereau en boîte, ça me va. »
Voilà ce que disait la tarée capable de surveiller une cible pendant trois jours d’affilée, tant qu’elle avait assez de boîtes de maquereau.
Mais les nerds venus chercher des jeux rétro en pixel-art dans un monde de VR et de 3D n’étaient pas les seuls ici. Des musiciens aux cheveux colorés parcouraient le quartier à la recherche d’anciens amplis et synthés, et un homme à l’air de professeur universitaire façon Einstein passait la journée à chercher je ne sais quels matériaux. Il construisait un robot géant chez lui, peut-être ?
Frenda, elle, se précipita derrière la porte ouverte d’un container après avoir repéré quelque chose.
« Hum ? T’as super trouvé Mutual Acquaintance ? »
« Qu’est-ce que ma sœur fait ici ? »
Frenda avait les yeux embués de larmes et se comportait avec une timidité telle qu’il était difficile de croire qu’il s’agissait de la même professionnelle qui aimait utiliser des bombes pour jouer avec ses proies avant de les tuer.
Kinuhata la regarda avec curiosité avant de reporter son attention sur la foule. À quelques mètres, elle aperçut une fille blonde tirant la moue, vêtue d’une robe T-shirt ample serrée à la taille par une ceinture, de leggings rouges et d’un béret distinctif. C’était un des rare cas où Kinuhata se retrouvait dans le rôle de la sœur aînée malgré sa petite taille.
« Ehh ? Mais je suis déjà fatiguée. Déjà, pourquoi on est là, au juste ? »
« Tu as dit que tu voulais jouer au premier opus de la série Mariho Bros. sur la console d’origine, tu te souviens ? Pour ton projet de recherche des vacances d’été ! J’avais une vieille console en stock, mais sa sortie vidéo passe par l’antenne TV, donc ça ne marche pas avec les télévisions numériques modernes. »
« Ah, j’en ai entendu parler. Déjà, mettre la télé sur la chaîne 2 pour jouer, c’est une partie de la culture japonaise ! »
Un petit garçon et une petite fille – pas plus de dix ans – menaient une discussion sérieuse à en juger par leurs expressions. Frenda nota (en essayant d’ignorer sa situation actuelle) que la culture avait sacrément évolué si les jeux vidéo servaient pour les devoirs scolaires. Les deux filles avaient les cheveux blonds et les yeux bleus, donc peut-être que le prof autorisait ça comme moyen pour la petite de découvrir la culture japonaise.
« Au fait, tu savais ça ? Heh heh. On ne dit pas juste qu’il est plombier – c’est du lore officiel. »
« Je t’ai déjà présenté la série, donc je connais tout ça. »
Kinuhata Saiai inclina la tête.
« C’est qui, le garçon avec elle ? Un copain que ta sœur a choppé en le frappant super avec du chocolat le jour de la Saint Valentin ? »
« C’est Kanou Shinka. Un ami à moi. »
« Mais comment tu fais pour avoir un cercle social aussi grand ? Bref, tu vois ces types qui boitent à moins de 15 m des deux ? Ce sont clairement des membres de Mutual Acquaintance qui ont survécu au crash. Il ne faut pas rester planqué ici plus longtemps sinon ces deux là vont se faire super entraînées dans le combat !! »
Frenda Seivelun claqua sa langue.
Puis elle sortit un objet cylindrique de sous sa jupe courte, enleva la goupille avec la bouche et le fit rouler sur le sol.
Une couleur blanche éclatante explosa.
La lumière valait un million de candelas et le son, 200 décibels.
Elle venait d’utiliser une grenade assourdissante.
Un pro aurait bien sûr prévu des contre mesures, mais ce n’était pas un problème cette fois. Le but de Frenda était d’aveugler et d’assourdir les civils. Les boutique containers empilés rendaient les caméras de surveillance fixes inutiles, et il n’y avait pas de robots de sécurité en forme de tambour dans le coin.
Donc, dans ce cas, il n’y avait aucun témoin, même avec des centaines de personnes autour.
Frenda Seivelun se baissa, prit une inspiration et s’élança en courant. En passant près du petit garçon, elle lui glissa un chuchotement à l’oreille.
Même s’il ne pourrait jamais l’entendre, ses yeux et ses oreilles étant hors service.
« (En fin de compte, merci de t’occuper de ma sœur puisque je ne peux pas☆) »
Être trop parfaite pouvait être un problème en soi.
Si elle avait échoué ici, ces deux jeunes enfants auraient appris la vérité, ce qui aurait très bien pu changer son avenir.
devant elle. Elle lui balaya les pieds, le fit choir, porta son regard sur la petite charge coincée dans sa bouche et actionna le détonateur sans fil.Frenda continua d’avancer et fourra un explosif dans la figure de l’homme paniqué
Un autre homme paniqua et sortit une arme en voyant la tête de son collègue éclater, mais il vit alors son propre bras plier à 180 degrés vers l’extérieur. Kinuhata avait boosté la force de son bras avec son Offense Armor pour tordre et briser les os et les articulations de l’homme avant de le forcer à se tirer une balle dans la tête avec sa propre arme.
Il n’en resta qu’un.
Il brandissait une boîte métallique oblongue de 30 cm qu’il transformait en fusil à pompe semi automatique. Ce n’était pas une arme pour viser avec précision. S’il tirait au hasard, il pouvait très bien toucher la sœur de Frenda.
Une voix leur parvint dans les oreillettes.
« Kinuhata, recule d’un pas. Frenda, baisse toi. »
Il ne s’écoula pas une seconde entière.
Un faisceau plus fin qu’un spaghetti séché traversa de droite à gauche. Il finit par transpercer le sternum de l’homme, vaporisant tout ce qui se trouvait au-dessus de sa poitrine.
C’était le Meltdowner de Mugino Shizuri, la quatrième Niveau 5.
L’attaque mortelle s’était faufilée à travers toutes les ouvertures du quartier électronique, dense et labyrinthique.
Takitsubo Rikou avait probablement assuré le ciblage.
« En fin de compte, c’est nul !! »
« Hein ? Ta sœur est saine et sauve, tu devrais te considérer super chanceuse, non ? »
« Chanceuse !? Elle n’a que 7 ans ! Les gamins ne devraient pas porter de lunettes VR à cet âge. Son corps est encore en formation, et j’ai dû lui balancer un million de candelas dans les yeux ! Putain ! En fin de compte, je suis une sœur horrible. Et Kanou kun n’a que 10 ans, à peine !! »
« (Je suis pas beaucoup plus vieille non plus, alors pourquoi t’es super pas inquiète pour moi ?) »
« Les pourritures comme nous qui tuent pour le Dark Side, ça compte pas. »
Frenda continua de pester en attrapant une bâche à proximité.
« Nouvelle venue, aide moi. En fin de compte, tu peux fourrer ta main dans un sac à provisions à la place des gants en caoutchouc. On a trois cadavres ici. Ce quartier est plein de ferraille en tous genres et ils vendent tout, des énormes enceintes aux effroyables poupées électroniques grandeur nature recouvertes de silicone ; si on les enveloppe dans des bâches et qu’on les transporte, personne ne se rendra compte de rien !! »
« Hein ? Je croyais qu’on laissait l’organisation de soutien s’occuper des corps ? »
« Arrête de me faire ce regard. Et t’as même pas besoin d’un sac quand tu peux t’envelopper avec ton pouvoir, non ? Une grenade étourdissante au magnésium neutralise totalement les sens pendant seulement 5 ou 6 secondes. L’après image et le bourdonnement qui restent varient d’une personne à l’autre, mais ça dure environ 180 secondes. La moitié est déjà passée. Si on ne cache pas et n’évacue pas ces corps avant, ma sœur de 7 ans verra ce massacre sanglant !! »
« C’était le dernier. » la voix calme de Takitsubo résonna dans leurs oreilles. « Et Mugino a dit d’aller chercher quelqu’un sur le lieu du crash. »
« ? »
« Hatsuhane Sarari. La rookie idol que Mutual Acquaintance aurait enlevée. Celle pour qui tout ce boulot a été lancé. »
Ce quartier spécial n’avait ni konbini ni restaurant, mais il y avait des parkings. Mugino Shizuri choisit l’un des garages du quartier électronique comme point de rendez-vous. Cependant, plus de la moitié de la hauteur du bâtiment avait été comblée par les boutiques containers empilées.
« Pourquoi avez vous amené les corps avec vous ? » demanda Mugino, visiblement perplexe.
« On n’avait pas le choix. Mes sens de grande sœur l’exigeaient. »
Frenda Seivelun, aimant sa famille, marmonna sa réponse.
Face à ce nouveau problème à gérer, les délinquants de l’organisation de soutien enfilèrent précipitamment imperméables et gants en caoutchouc pour ne laisser aucune trace. Pas sûr que ce soit très agréable sous le soleil de midi en plein mois d’août.
« Et toi, Kinuhata, tu as aidé ? » demanda Takitsubo, inclinant la tête sans expression.
« Que pouvais je faire ? Je suis la nouvelle, donc je ne pouvais pas la laisser seule alors qu’elle essayait, en larmes, de tout gérer par elle même. »
« Hee hee. Tu essayais d’être utile à ITEM. »
« Pourquoi t’as l’air super contente de ça !? »
Pendant ce temps…
« E-euh, merci… beaucoup. »
Une fille d’une quinzaine d’années prit la parole, nerveusement.
C’était la fameuse rookie idol, Hatsuhane Sarari.
Elle portait un chemisier à manches courtes avec un gilet aux couleurs vives et une mini jupe à froufrous. C’était adorable, mais ça jurait dans le monde réel. Les couleurs étaient conçues pour briller sous les projecteurs de scène. Pas vraiment une tenue pour se balader dans la rue.
« Ces gens m’ont kidnappée. Je crois qu’ils venaient de ce service d’appoint pour couvrir les scandales. Enfin, je ne sais pas comment vous remercier… Eh heh heh. Je ne sais pas ce qu’ils voulaient faire de moi, mais qui sait ce qui m’aurait arrivé si vous ne m’aviez pas sauvée. »
Mugino Shizuri ne se donna même pas la peine de répondre.
Le Meltdowner fit grésiller quelque chose dans un crépitement épais.
« …Eh ? »
La surprise se peignit sur le visage de l’adorable idole.
Hatsuhane Sarari ne cligna même pas des yeux en regardant le trou gros comme un melon qui s’était formé dans son ventre. Elle venait de perdre plus de 5 kg en un instant, régime éclair.
« Mutual Acquaintance n’étaient pas notre cible principale. On les a juste éliminés en premier parce qu’ils étaient nombreux et armés et allaient probablement nous empêcher d’agir. On peut dire que c’était une cible bonus qu’on n’avait pas l’interdiction de tuer en passant. »
L’ennui se lisait sur le visage de Mugino.
Elle n’était pas assez naïve pour se laisser berner par ce sourire angélique.
« Notre vraie cible, c’était toi, l’idole kleptomane. Je sais pas si tu kiffes ça ou quoi, mais tu as franchi la ligne quand tu as volé des cupcakes faits main vendus pour financer la recherche sur je-ne-sais-quelle maladie incurable. Ta vraie erreur a été d’engager quelqu’un du Dark Side pour buter le membre du groupe qui t’a vue les piquer. Pas hyper professionnel pour une idole censée faire rêver les gens, » ricana Mugino. « La voix au téléphone — notre intermédiaire — a parlé à un de tes fans, qui a dit qu’il ne pouvait pas croire que tu sois une voleuse habituelle ou que tu aies commandité un hit sur une autre idole quand les conséquences allaient te rattraper. Il regrette de t’avoir soutenue. Et on parle d’un fan énorme qui a dépensé le prix d’une voiture étrangère pour acheter une quantité ridicule de tes disques et vidéos juste pour avoir une chance de te serrer la main ou d’avoir un autographe. Trahir des gens prêts à tout pour toi, c’est pas le meilleur plan. …Cela dit, j’ai presque pitié. Si tu n’étais pas allée voir un groupe du Dark Side comme Mutual Acquaintance, on ne serait jamais venus. »
« Uh, agh, urgh, whk… »
« Donc comme je le dis depuis tout à l’heure : le grand méchant loup vient pour toi. » Mugino sourit. « Évidemment, on s’en fiche de ce qui t’arrive tant qu’on est payées et qu’on peut massacrer une sale criminelle qui a cru bon de se fourrer dans le Dark Side. Faut avouer que c’était chaud de gagner la confiance d'une idole aussi méfiante pour la convaincre de nous retrouver dans un endroit sombre et désert ! »
D’un geste de la main qui signifiait “terminez”, les yeux de la criminelle roulèrent vers le haut, des larmes de sang s’écoulèrent et son corps s’effondra sur le sol.
C’était trop vicieux pour parler d’« infiltration ».
C’était une arnaque, une technique de tromperie utilisée pour ôter la vie à des humains. L’ensemble était bien plus calculé et abouti que les mensonges improvisés de la rookie quand elle avait réalisé qu’elle ne pouvait pas dire la vérité à ITEM.
« Soupir, en fin de compte, mes épaules me font mal, » maugréa Frenda en se massant l’épaule frêle d’une main.
« Je suis nulle pour ça. On peut pas aller direct chez la personne à buter et la super boxer jusqu’à la mort ? »
La cheffe lança aux délinquants autour d’elles :
« Bon, on rentre. Je sais que traiter avec le milieu du spectacle, c’est chiant, mais débarrassez vous de ce cadavre, d’accord ? »
Mugino Shizuri ne jeta même pas un regard au corps affalé.
Les autres filles s’éloignèrent avec elle, discutant d’éclairage indirect et d’aménagement home cinéma pour leur nouvelle planque.
Elles étaient ITEM.
Elles formaient la plus puissante des équipes d’élite de quatre personnes et — croyez le ou non — travaillaient en secret pour préserver l’ordre dans la Cité Académique.
« Ah !! » s’écria Frenda, se rappelant bien trop tard quelque chose. « En fin de compte, j’ai oublié de récupérer le contenant utilisé pour ma grenade assourdissante. »
« Tu as fait quoi ? Il faut que je te punisse ? »
Un petit garçon finit par ramasser l’objet qu’elle avait oublié, sans savoir ce que c’était.
Il se pouvait que cette petite erreur change quelque chose par la suite.
Between the lines 1
Mémo, mémo.
Leurs apparences naturelles ne suffisent pas. Pour savoir à quoi elles ressemblent de dos et retracer leur sphère d’activité, il faut étudier leur façon de s’habiller et comprendre comment elles réfléchissent☆
Mugino Shizuri.
Cheveux châtain bouclés, yeux bruns, grosse poitrine. Porte un chemisier White Season sleeveless, un cardigan en maille édition limitée Sheep & Sheep, et une jupe réversible Royal Secret. Elle paraît sûre d’elle au premier abord, mais le fait qu’elle cache ses jambes avec des bas trahit son manque d’assurance. lol, trop nul. Elle se donne la peine de porter des bas 180-deniers par cette chaleur d’été insupportable, et en plus noirs, juste pour paraître un peu plus mince. mdrrr
Niveau 5. Meltdowner.
Elle peut tirer des électrons ni comme particule ni comme onde pour produire une puissance destructrice massive. C’est à peu près le sommet de la puissance, mais d’un autre côté, c’est tout ce qu’elle sait faire. Un esper reste un esper. Elle n’est pas Miyamoto Musashi, donc il ne faut pas psychoter avant de l’affronter.
Takitsubo Rikou.
Cheveux noirs coupés au carré, yeux noirs, poitrine possiblement importante mais cachée ? Porte une tenue de sport Robe of Feathers (rose) et une sorte de short de marque ? Elle semble la porter toute l’année. Elle se balade vraiment en ville comme ça ? Ces shorts pourraient même être son survêtement de cours d’école. Mais pour une raison inconnue, ses baskets sont l’édition limitée White Noise de Victoria. Seulement 100 paires fabriquées ! Ne te balade pas avec ca! Il y a des fanatiques de chaussures qui en ont enfin eu une paire sur une enchère en ligne et ont eu tellement peur de les porter qu’ils les ont finalement données à un musée !!
Niveau 4. AIM Stalker.
Son pouvoir lui permet d’enregistrer et de pister le champ de diffusion AIM de quelqu’un et elle peut faire dérailler son pouvoir en prenant une drogue appelé Body Crystal. Elle est en charge du ciblage pour le Meltdowner. Méfie toi d’elle. Cette fille banale qu’on oublie parfois d’avoir sur le front est honnêtement plus terrifiante que l’autre fille surpuissante.
Frenda Seivelun.
Cheveux blonds bouclés, yeux bleus, poitrine plate. Porte un beret Angel Halo type 53, une robe Girl Breeze summer sailor, et un poncho anti UV Muraki Dressmakers light model. Ah, et je crois des bas noirs Sugar Body type A jusqu’en haut des cuisses. D’après sa tenue, elle aime mettre son corps en valeur. On pourrait même dire qu’elle calcule comment ses gestes et ses poses seront perçus. Elle est sûre d’elle. Et peut être dû au fait qu’elle soit étrangère, elle ne porte que des marques japonaises malgré son pognon.
Niveau 0.
Spécialisée dans les bombes et visiblement pratiquante d’arts martiaux. Son rôle semble être de poser des pièges que l’ennemi déclenche en fuyant Meltdowner. Elle annonce probablement que le combat commence avant même que ça commence. Ses attaques demandent beaucoup de mise en place, donc il ne faut pas lui laisser de temps libre.
Kinuhata Saiai.
Coupe au carré châtain, yeux bruns, poitrine super plate (lol). Porte une robe hoodie et un top épaules nues. Elle veille à porter des manches bras et des leggings, donc malgré l’air négligé, elle n’aime peut être pas trop montrer sa peau ? Et tout ce qu’elle porte est Queen Knights. Elle aime peut être juste la marque, mais je me demande si elle n’a pas improvisé sa tenue à la va vite, même si tout est super cher.
Niveau 4. Offense Armor.
Elle peut contrôler l’azote de l’air pour se protéger. Elle joue souvent le rôle de garde du corps de Takitsubo Rikou. Même un idiot verrait que Takitsubo est la pierre angulaire d’ITEM. Les écraser doit commencer par elle. Si elle est seule avec sa garde du corps, il vaudrait mieux organiser une situation pour les séparer.
D’après tout ça, je suppose qu’elles faisaient la plupart de leurs achats dans le District 15, mais qu’elles ont récemment déplacé leur base d’activités et leurs courses vers le District 3.
Mémorise bien leurs noms, leur allure, leurs pouvoirs et leurs comportements avant la mission.
Bref, ce sont nos cibles.